COMPTE-RENDU REUNION DU 24 SEPTEMBRE 2024
MICHELE
Ils étaient dix ; Agatha Christie
Tout le monde a lu « les dix petits nègres », mais on ne prononce plus le mot « nègre ».
Je l’ai relu avec grand plaisir.
Le suspens est total. Jusqu’à la fin on se demande qui tue ces dix personnes complètement à l’opposé les unes des autres, réunies sur une ile déserte et toutes vouées à la mort.
Ce roman est concis, parfait, et si vous ne l’avez pas lu, je vous fiche mon billet que vous serez estomaqué par la fin.
Le secret ; de Frédéric Lenoir.
Pierre et sa mère vivent simplement, dans un environnement plutôt rude.
Emilie a un secret et Pierre va également en protéger un.
Tous deux sont des êtres purs, candides, sincères, contrairement aux riches du village.
Ce petit livre est exceptionnel, il nous donne une belle leçon de vie et nous offre une parabole sur les choix et les valeurs essentielles de notre existence.
Brasier, héritage et coup du sort ; de Ann Grangier
Qui est l’homme mort dans les ruines calcinées de la maison de Fervase Crown que tout le monde ou presque déteste. L’héritier d’une fortune considérable et qui a fait des dégâts dans sa jeunesse ?
Jess Campbell et Ian Carter mènent l’enquête qui se révèle bien compliquée, et qu’on suit avec beaucoup d’intérêt.
Menaces ; de Danielle Steel
Quand on ne veut pas mourir idiot, il faut lire un roman de Danielle Steel.
Rue Boissy d’Anglas dans le cœur du 8ème arrondissement de Paris, à deux pas de la Concorde, un hôtel de luxe ouvre ses portes après 4 ans de rénovation.
En un mois, un meurtre y est commis, un ministre est arrêté, un futur jeune marié y fait un AVC, une rock star dévaste un étage, des pannes techniques surviennent jour et nuit, une alerte à la bombe provoque l’évacuation de tous les clients au milieu de la nuit et des braqueurs attaquent une bijouterie située dans la même rue.
« C’est dingue comme on ne sait jamais ce qui va se passer dans cette ville » s’exclame l’un des personnages.
NDLR : c’était avant les jeux olympiques de Paris 2024.
Danielle Steel, ou plutôt ses « collaborateurs » car on ne dit plus « nègres », s’en sont donné à cœur joie.
La signataire de ce torchon devrait en changer.
NDLR : il parait que Danielle Steel écrit 20 heures par jour, qu’elle a déjà publié 200 ouvrages tout en ayant le temps de se marier 5 fois et de mettre 9 enfants au monde.
Belle supercherie de l’édition internationale.
Après Danielle Steel, il me fallait de l’excellence, des valeurs sûres, de la vraie littérature.
Un bijou peu connu de Jean Austen : « lady Susan » : délicieux roman épistolaire, Marcel Pagnol et Françoise Chandernagor.
Je vous livre un court extrait du « temps des secrets » de Pagnol dont on sait qu’il est le fils d’un instituteur athée, agnostique, anticlérical, pur mécréant.
L’un des personnages dit que « l’église catholique est la plus puissante organisation de publicité du monde, qu’elle a une agence dans chaque ville et village, installée gratuitement dans la plus belle bâtisse, munie sur son toit d’avertisseurs sonores pour appeler les consommateurs de métaphysique désireux d’immortalité !... » et il ajoute : « Dieu a dit tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église ». Quel mauvais jeu de mots ! Le Sauveur s’est volontairement abaissé jusqu’à la niaiserie d’un calembour. »
Peu de temps après, relisant « La sans pareille » de Françoise Chandernagor, je tombais sur « comment prendre au sérieux un Dieu qui fonde son église sur un calembour ? tu es Pierre etc…
Françoise Chandernagor a lu Marcel Pagnol.
Comment lui en vouloir ?
JILL
Duchess - de Chris Whitaker
Pour moi et probablement pour d’autres lecteurs de polars, notre Genre préféré peut être scindé en 2 : les que du noir et rien que du noir, et, du polar avec du contenu littéraire. J’aime les deux, mais ceux avec du contenu plus fouillé sont évidemment plus appétissants ! Et en voici un que j’ai bien aimé :
Notre héroïne n’a que 13 ans, et elle a la charge de son petit frère de 5 ans car oui, ils sont dans une famille dysfonctionnelle. Heureusement il y a Walk, de son nom complet Walker, le shérif de Cape Haven (Cap du Havre), qui connaît la famille depuis son adolescence. Car il va falloir décortiquer qui a pu tuer la mère, alcoolique, des deux enfants ainsi que d’autres meurtres passées ou à venir ..
Si j’ai tant aimé cette histoire c’est à cause de Duchess, qui se dit outlaw ou hors-la-loi ; elle fait penser à Kya dans La où chantent les écrevisses ou à Scout dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. Elles ont du cran, mais on ne peut que plaindre la perte de l’innocence, comme c’est le cas pour toutes les familles qui vivent des drames similaires. Citation Babelio : A treize ans, sans père et démunie face à la dérive d'une mère défaillante, Duchess Bradley a depuis longtemps appris à ne compter que sur elle-même, remplissant du mieux qu'elle peut le rôle qu'aucun adulte n'exerce pour elle et son petit frère de cinq ans. Mais voilà qu'après trois décennies d'emprisonnement, Vincent King, l'homme responsable du malheur de sa mère, resurgit, en même temps que les fantômes d'un passé traumatisant, dans leur petite ville de Floride. Les évènements ne tardent pas à dépasser l'adolescente, aussi vaillante et déterminée soit-elle à protéger les siens.
Sur l’île – de Elizabeth O’Connor
Manod est une autre jeune fille, avec une vie bien moins mouvementée que celle de Duchess ! Elle a 18 ans et n’est pas encore mariée, car sa Maman est décédée et elle ne voit pas comment son père et sa jeune sœur pourraient faire sans elle. Car ils habitent une petite île au large du pays de Galles où vivent 18 familles, et il est 1938. Le père est pêcheur de homards, un métier dangereux par mauvais temps on le sait.
Alors que les rumeurs d'un risque de guerre se font de plus en plus fortes malgré l'isolement de l'île, une baleine s'échoue pour une plage, puis deux jeunes ethnologues (un homme et une femme) arrivent d'Oxford pour étudier les îliens, leur mode de vie, leurs cultures, etc. Ils engagent Manod pour leur servir d'interprète car les îliens parlent très peu anglais. C'est l'occasion pour la jeune femme d'en apprendre plus sur la vie sur le continent et toutes les possibilités qu'elle offre. Au contact des deux scientifiques, un monde nouveau s’ouvre devant elle, ses rêves paraissent soudain possibles. Elle est aussi amenée à porter un nouveau regard sur les gens qu'elle côtoie depuis l'enfance.
Tout ceci est raconté avec une grande finesse, dans des chapitres courts, parfois même très courts, auxquels se mêlent quelques retranscriptions des enregistrements effectués par les ethnologues pour ajouter au réalisme du récit que nous fait Manod. En effet, s'il s'agit d'une fiction, l'autrice explique à la fin du livre qu'elle s'est inspirée de plusieurs îles existantes pour imaginer cette île sans nom aussi bien que la visite des ethnologues et leurs méthodes parfois peu scrupuleuses....
J’ai tout de suite sauté sur ce livre quand j’ai vu l’article du Guardian, les ingrédients étaient trop tentants pour moi : une jeune galloise qui cherche son avenir, loin du lieu de sa naissance…, de plus, sa communauté est gallophone, j’ai été très contente de comprendre les quelques phrases qu’elle a transcrit tels que, merci Duolingo !
JOELLE
Revenir du silence – Michèle Sarde
Née en Bretagne au seuil de la Seconde Guerre mondiale, Michèle Sarde a longtemps tu ses origines. À travers le récit tardif de sa mère, Jenny, elle reconstitue le parcours de sa famille, de l'exil de Salonique et de l'installation à Paris, en 1921, à l'assimilation réussie dans la France des années trente. Mais les persécutions de l'occupation nazie contraignent Jenny et les siens à se cacher et à dissimuler leur identité. Jenny luttera alors de toutes ses forces pour survivre et protéger sa fille. Un traumatisme qui perdurera dans l'après-guerre et finira par les réduire toutes deux au silence.
Saga hors norme d'une tribu méconnue, les Sépharades de l'Empire ottoman qui, chassés d'Espagne par les Rois catholiques, s'étaient installés quatre siècles durant en terre musulmane avec leur religion et leur langue, ce livre est le fruit d'une démarche littéraire à la fois ambitieuse et originale. Michèle Sarde y entrecroise une enquête fouillée, un témoignage authentique et un roman haletant, poignant, et parfois drôle, sur le destin d'une famille prise dans la tourmente du sombre XXe siècle. Il soulève en même temps des questionnements contemporains sur la migration, l'intégration, la transmission et la résilience.
L’hôtel des oiseaux Joyce Maynard
1970. Une explosion a lieu dans un sous-sol, à New York, causée par une bombe artisanale. Parmi les apprentis terroristes décédés : la mère de Joan, six ans. Dans l'espoir fou de mener une vie ordinaire, la grand-mère de la fillette précipite leur départ, loin du drame, et lui fait changer de prénom : Joan s'appellera désormais Amelia.
À l'âge adulte, devenue épouse, mère et artiste talentueuse, Amelia vit une seconde tragédie qui la pousse à fuir de nouveau. Elle trouve refuge à des centaines de kilomètres dans un pays d'Amérique centrale, entre les murs d'un hôtel délabré, accueillie par la chaleureuse propriétaire, Leila. Tout, ici, lui promet un lendemain meilleur : une nature luxuriante, un vaste lac au pied d'un volcan.
Tandis qu'Amelia s'investit dans la rénovation de l'hôtel, elle croise la route d'hommes et de femmes marqués par la vie, venus comme elle se reconstruire dans ce lieu chargé de mystère. Amélia a-t-elle droit à une troisième chance dans ce cadre enchanteur près de villageois chaleureux ou va-t-elle être rattrapée par son passé ?
MARIE-ODILE
ROSA CANDIDA de AUDUR AVA OLAFSDOTTOR
A 22 ans, Arnljotur quitte sa terre d'Islande pour rejoindre, sur le continent, un monastère dont il doit restaurer la roseraie. Il part avec, dans sa poche, une photo de sa fille qu’il a eue après une relation unique, l'amour de son père et de son frère autiste et le souvenir de sa mère trop tôt disparue, et dans son coffre trois boutures de rosa candida. Il part s’occuper d’un jardin centenaire dans un monastère…
Ce roman émane beaucoup de douceur. Tout est beau dans ce livre, les gens, les paysages, les sentiments. C'est le parcours d'un jeune homme à la recherche de lui-même qui grâce à des rencontres, à des conseils, à des expériences nouvelles, va découvrir qui il est et ce qu’il peut devenir. Un jour la maman de leur bébé frappe à sa porte pour lui demander de s’occuper de leur fille pour pouvoir travailler sa thèse…
Un immense coup de cœur.
LES VOLEUSES D’INNOCENCE de SARAI WALKER
Il était une fois dans les années 1950 six jeunes filles aux doux prénoms de fleurs – Aster, Rosalind, Calla, Daphné, Iris et Hazel – qui vivaient avec leurs parents dans l’opulence d’une grande bâtisse victorienne. Mais ceci n’est pas un conte de fée : c’est l’histoire de la malédiction des sœurs Chapel.
Tout commence pourtant bien : par une noce. Mais à peine est-elle mariée, que la sœur aînée meurt mystérieusement, laissant sa famille en état de choc. Puis la deuxième connaît le même sort. Quel malheur pèse sur les Chapel ? Belinda, la mère à l’esprit torturé, hantée par les fantômes, semble pouvoir prédire leur funeste destin. Mais peut-on se fier à ce qui sort de son cerveau embrumé ? Quant à Iris, la cadette, elle est bien décidée à survivre. Quitte à devoir faire un bien sombre choix.
LE SILENCE ET LA COLERE de PIERRE LEMAITRE
Pierre Lemaitre poursuit sa trilogie des Années glorieuses et on retrouve la famille Pelletier. Nous sommes en 1952. L'auteur décrit le début des « Trente Glorieuses », période de bascule entre les années difficiles de l'après Deuxième guerre mondiale et l'embellie économique.
Ce livre décrit trois intrigues :
- luttes ouvrières des employées du fils aîné Jean qui a mis sur pied un magasin populaire type Tati ;
- combats féministes à une époque où l'avortement est un délit traqué par une brigade spécifique tout droit sortie de Vichy.
- conflits liés à des aménagements du territoire, ici la construction d'un barrage hydroélectrique au prix de l'engloutissement d'un village entier, cimetière compris (épisode inspiré de la tragédie du village de Tignes)
C'est celui d’Hélène, la sœur, qui est le plus mis en lumière, qui sera confronté à un avortement : jeune femme libre qui veut s'émanciper de sa famille et des hommes, journaliste envoyée suivre la résistance du village isérois face au barrage, après avoir écrit un article (inspirée d'un vrai de Françoise Giroud, retranscrit à la fin du livre) qui fait scandale, « les Françaises sont-elles sales ? ».
LIBERTANGO de Frédérique Deghelt
A 90 ans, Luis Nilta-Bergo, immense chef d’orchestre, est contacté par une journaliste pour faire un reportage sur sa vie.
La vie de Luis, mal-aimé de ses parents qui n'ont pas accepté ce fils hémiplégique, change lorsqu'un jour de déprime, alors qu'il est âgé de 21 ans, il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie. Astor Piazzolla, Argentin, joue des airs de tango sur un bandonéon, Luis, subjugué l'écoute. Il lui demandant ce qu'il aimerait faire, Luis lui déclare son amour de la musique en précisant qu'il ne pourra jamais jouer d'un instrument ; Astor lui rétorque qu'il pourrait être chef d'orchestre. Il quitte ses parents, fréquente le Conservatoire de musique, une nouvelle vie commence, non sans difficultés. Il deviendra un chef d’orchestre reconnu et donnera des concerts dans des pays touchés par des évènements tragiques (guerre, New-York dans les ruines des tours jumelles, des pays touchés par la famine…)
Libertango est le nom d'un des morceaux «Tango Tango» le plus connu du musicien, repris par Guy Marchand...
Le style de Frédérique Deghelt est toujours aussi magnifique.