CERCLE DE LECTURE DU 6 JUIN 2023
NB : un astérisque après le titre d'un livre indique qu'il est disponible au Coin des Bouquins.
JOSIANE
Juste derrière moi de Lisa Gardner
Un massacre dans une station-service et un coupable tout trouvé : Telly
Il y a 8 ans, Telly âgé de 9 ans avait tué à coups de batte de baseball son père, un homme alcoolique, toxicomane et violent qui avait poignardé sa femme devant ses enfants Telly et Sharlah et les poursuivait. Sharlah maintenant âgée de 13 ans n’a pas revu son frère depuis ce jour. Ils ont été placés dans des familles d’accueil différentes. Entre secrets de famille, tueur en série, roman bien écrit mais un peu brouillon, avec une centaine de pages en moins, il aurait été super.
CORINNE
Quand tu écouteras cette chanson. Lola Lafon
Dans le cadre de la collection -Une nuit au Musée - Lola Lafon a choisi de passer la sienne dans la maison d’Anne Franck à Amsterdam, le 18 août 2021, de 21 heures à 7 heures du matin, expérience qu’elle relate dans ce livre. La nuit dans l’Annexe –où la famille Franck a vécu clandestinement de l’été 1942 à l’été 1944 avant d’être déportée – se transforme en récit très intimiste d’une ampleur insoupçonnée et d’une délicatesse rare. Confrontée aux fantômes de sa propre famille, Lola Lafon livre le récit subtil et profond de cette expérience d'heures solitaires passées dans le silence et le vide de l'Annexe. Elle y questionne non seulement sa propre histoire, mais elle y retrace surtout le destin du Journal et la façon dont l'œuvre de la jeune Anne Frank a été détournée, censurée – réduite à tort à un simple témoignage. « Le 18 Août 2021 j’ai passé la nuit au Musée Anne Franck dans l’Annexe. Anne Franck, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment ? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ? Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Franck. Je me suis trompée. La nuit est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver »
FRANCOISE
« Dans le murmure des feuilles qui dansent* ». Agnès Ledig
Anaëlle, jeune femme dont la vie a été bouleversée par un accident, se reconstruit doucement entre son travail et sa passion pour l’écriture.
Thomas, lui, raconte des histoires merveilleuses d’arbres et de forêt pour mettre un peu de couleur dans la chambre d’hôpital de son demi-frère Simon 8 ans, garçon tendre et lumineux!.
Anaëlle essaye d’écrire un livre . Elle reprend contact avec un ancien professeur devenu procureur. Une relation épistolaire des plus singulière va naître. Correspondances pleines d’humour de fantaisie. Au fil des échanges une relation sentimentale va commencer.
Thomas, Anaëlle, chacun de son côté, se bat à sa manière contre la fatalité, mais est-ce vraiment le hasard qui va sceller leur destin ?.
C’est une histoire simple, poignante, où des âmes blessées donnent le meilleur d’elles-mêmes et nous rappellent, dans une nature à la fois poétique et puissante, que la vie est plus forte que tout!
Jill
La maison de mon père de Joseph O’Connor – un auteur irlandais à découvrir
Joseph O'Connor est un écrivain irlandais. Il est considéré comme l'un des auteurs qui a redonné un second souffle à la littérature romanesque en Irlande. Il a fait ses études à Dublin puis à Oxford, pour exercer ensuite en tant que journaliste pour les journaux The Esquire et l’Irish tribune. Il se met à l'écriture complétement en 1989. Il vit aujourd'hui à Dublin. Joseph O'Connor est le frère aîné de la chanteuse Sinead O'Connor.
La maison de mon père : je l’ai commencé sur audiolivre pendant les heures où je devais rester tête vers le bas, posée sur un coussin. J’ai toujours pensé que les audiolivres étaient un pis-aller pour les gens mal voyants, mais je vous assure que dans certains cas, c’est faux ! Je gagne en compréhension car la lecture à haute voix est forcément moins rapide que la vitesse d’assimilation des yeux. Ensuite, il y a des bruitages qui stimulent l’ouïe, et dans le cas précis, des accents véridiques (italien, allemand ..) qui étoffent et subliment les personnages tels qu’on se les représentent. La maison de mon père (tome 1 sur 3), s'inspire de l'extraordinaire histoire vraie de Monseigneur Hugh O'Flaherty, envoyé irlandais au Vatican, a rassemblé un groupe hétéroclite pour mettre en sécurité les personnes fuyant les persécutions nazies. Pour brouiller les pistes, ils forment une chorale et se réunissent une fois par semaine pour "répéter". À chaque séance, tout en nourrissant la crainte permanente d'être trahis, ils revoient et mémorisent les derniers plans opérationnels, les itinéraires d'évasion, les refuges et les fausses identités. Au cas où les murs auraient des oreilles, ils parlent en code : les évadés sont collectivement "la bibliothèque", les fugitifs individuellement "les livres", leurs cachettes "les étagères". Si ce code est déchiffré et si le groupe est compromis, les répercussions nazies seront rapides, brutales et d'une grande portée. Le récit d'O'Connor décrit la préparation et le compte à rebours de leur mission, ainsi que la tentative d'O'Flaherty de l'exécuter. Autour de ces deux fils conducteurs s'articulent les témoignages colorés des huit choristes. Ils font preuve d'un éventail de voix singulières et d'histoires passionnantes qui étoffent chaque personnage. Pendant un certain temps, le livre ressemble à une œuvre d'ensemble. Cependant, O'Flaherty émerge comme la star du spectacle. O'Connor donne vie à un homme qui, en dépit de sa vocation, se bat pour être reconnu après avoir été témoin des atrocités nazies. Son jeu du chat et de la souris avec Hauptmann est savamment orchestré ; sa mission désespérée dans les rues de Rome est brillamment rythmée. Il est difficile de ne pas être captivé par sa présence tout au long de ce livre extrêmement satisfaisant, de son ouverture explosive à sa fin douce-amère. Plein de suspense et magnifiquement écrit, My Father's House raconte une histoire inoubliable d'amour, de foi, de sacrifice et de courage.
"Peu d'écrivains vivants peuvent nous faire remonter le temps de manière aussi assurée, avec une densité aussi sensuelle, à travers des phrases aussi magnifiques ».
Le bal des ombres *, édité en 2020 : 1878, Londres. Trois personnages gravitent autour du Lyceum Theatre : Ellen Terry, la Sarah Bernhardt anglaise ; Henry Irving, grand tragédien shakespearien, puis Bram Stoker, administrateur du théâtre et futur auteur de Dracula. Loin d’une légende dorée où tous les pas mènent vers la gloire, la destinée de Bram Stoker se révèle un chemin chaotique mais exaltant. Dans ce livre inventif, Joseph O’Connor utilise toutes les ressources du romanesque pour donner vie au Londres foisonnant de l’époque victorienne. S’appuyant sur des personnages réels – outre Stoker, Irving et Terry ont aussi marqué leur temps –, il efface les frontières entre fiction et réalité. On croise ainsi le sulfureux Oscar Wilde, l’ombre de Jack L’Éventreur, ou encore… celle de Dracula. Plein de charme et d’esprit, ce roman annonce l’arrivée de Joseph O’Connor dans le catalogue de Rivages.
L’étoile des mers *, édité en 2007. Clin d’œil à Stella Maris, la vierge Marie, guide et protectrice de ceux qui devaient prendre la mer. Printemps 1847. L’Étoile des mers, et son capitaine Josias Lockwood, quitte l'Irlande pour New York avec son lot de passagers qui incarnent à eux seuls le passé, le triste présent et l'improbable avenir de leur drôle de terre. La Grande Famine s'achève dans l'horreur et la seule issue, pour la plupart des habitants de l'île, a nom exil. A bord, une quinzaine de privilégiés se partagent, les cabines de 1re classe : une famille de propriétaires anglais établis depuis longtemps dans la verte Erin et récemment ruinés, leur servante au grand cœur naguère réduite par la brutalité des hommes à la condition de putain, un journaliste new-yorkais, un homme d’Église, un maharadjah curieux de découvrir le monde. Et plus bas, coincés dans l'entrepont quatre cents passagers ordinaires entassés dans la pire promiscuité et bientôt décimés par le typhus. Parmi ces derniers, un tueur qu'on surnomme le "Fantôme", stipendié par un groupe d'extrémistes, et qui rêve d'exporter ses rêves de violence jusque dans le Nouveau Monde... L'étoile des mers - on peut faire confiance au rusé O'Connor - n'est pas pour cela un roman historique ; plutôt un roman qui se sert de l'histoire pour secouer assez méchamment le présent - notre présent. De tous les romans publiés jusqu'ici par l'auteur (désormais traduit, en vingt-huit langues), c’est celui qui a reçu, et de loin, le plus bel accueil tant auprès des critiques que des lecteurs.
MICHELE
" Sur la dalle "* de Fred Vargas
Les premières pages de Sur la dalle, lues dans le magazine Lire, m'ont incitée à acheter le dernier roman de Vargas.
C'étaient hélas les meilleures.
Après 6 ans d'absence j'étais contente de retrouver le commissaire Adamsberg mais son adjoint Danglard n'était pas en Bretagne et il m'a beaucoup manqué.
Les descriptions minutieuses des spécialités culinaires bretonnes sont lassantes et insuffisantes pour faire un bon polar régional.
Vargas développe deux intrigues en même temps. Adamsberg ne s'est pas dérangé pour rien !
Le descendant de Chateaubriand est soupçonné de meurtre, un bossu joue de sa canne pour effrayer une population superstitieuse, et une bande de truands-tueurs imbéciles sévit dans le petit village.
Il ne faudra pas moins d'une centaine de policiers et gendarmes et deux hélicoptères pour les débusquer.
C'est invraisemblable, loufoque, mal écrit de surcroît.
Et Adamsberg dans ce fatras ?
Il est blessé deux fois par balles, il sauve un hérisson et s'est couché sur un dolmen qu'il dénoue les intrigues.
Pas très vite, après 600 pages, 5 assassinats et l'enlèvement d'une petite fille.
Le dolmen n'est pas très inspirant, et la Bretagne n'a pas inspiré Fred Vargas.
" Celle qui brûle " de Paula Hawkins.
Ce livre est qualifié de thriller, à tort, car il n'y a pas de vrai suspense, ni de héros qui doit contrecarrer les plans d'un ennemi. Il est aussi qualifié de polar psychologique, je préfère, mais la police y est peu présente.
Un jeune homme, Daniel, est retrouvé poignardé dans une péniche. Trois femmes sont liées à cette mort : Carla, la tante du défunt, Miriam, qui a découvert son corps, et Laura, qui a passé avec lui la nuit précédente.
Trois femmes révoltées, fracassées par leur douloureux passé, un passé qui nous est révélé peu à peu, ce qui fait tout l'intérêt de ce captivant roman policier.
Paula Hawkins aborde avec force et sensibilité les thèmes tels que le deuil, l'alcoolisme, la vengeance, mais aussi le pardon.
J'ai adoré la figure de Laura, solaire, boiteuse, fausse déficiente mentale, aux réparties fulgurantes, Laura l'écorchée vive qui hurle beaucoup... de rire, de chagrin, de colère. Laura dont l'avenir s'éclaire enfin grâce à Irène, adorable et futée octogénaire.
ELEA - de passage parmi nous.
Les 8 crimes parfaits * de Peter Swanson
Malcom Kershaw est le directeur d’une petite librairie basée sur les romans policiers et de science-fiction. Suite au décès de sa femme, Malcom vit seul dans un petit appartement proche de sa librairie. Cependant, sa petite vie tranquille bascule rapidement avec l’arrivée de l’agent Gwen Muley du FBI. Enquêtant sur deux meurtres faisant écho à des romans écrits par Agatha Christie et James Cain, l’agent Gwen fait appel à un spécialiste en roman policier, Malcom Kershaw.
Ces étranges coïncidences vont rappeler à Malcom la liste de romans permettant de réaliser 8 crimes parfaits qu’il avait écrit sur un blog il y a des années de cela. L’enquête ramènera à la surface de nombreux souvenirs que Malcom aurait préféré oublier depuis longtemps.
La peur que le meurtrier pourrait se trouver tout proche ainsi que la pression pour le retrouver font monter constamment le suspense dans ce livre aux multiples références. Le mystère autour du libraire est un fait très intéressant que cela soit de son histoire avec sa femme ou avec l’adoption insolite de son chat.
La découverte du meurtrier à la fin n’est pas franchement une surprise après avoir lu le roman mais c’est toute l’enquête qui fait le charme de ce fabuleux livre.
« Chaque jour compte » de Douze Février alias Julie Bourges.
Douze Février en tant que nom d’auteur est une chose assez particulière mais pas pour Julie.
En effet, à travers « chaque jour compte », l’autrice va nous raconter son histoire et surtout arriver à voir la vie d’une autre manère.
Le douze février, après le carnaval de son lycée, Julie déguisée en mouton va vouloir fumer une dernière cigarette en bas de son immeuble avant de rentrer. Cependant le mégot de sa cigarette va mettre le feu à son costume. Heureusement, grâce à « l’excellente » idée du chapeau au monton, Julie va pouvoir s’en sortir vivante. Le corps complètement défiguré, Julie va devoir réapprendre à vivre avec ses nouveaux défauts visibles.
Dans son livre, Douze va nous expliquer pas à pas ce qu’elle fit pour parvenir à retrouver un équilibre dans sa vie. Entre la rééducation, la nouvelle vision qu’ont les autres d’elle et les nouvelles difficultés que va lui apporter son état mental, Julie devra apprendre à se relever rapidement.
C’est pour cela que Julie choisira la date de son accident en tant que nom de plume.
JOELLE
DES RONDS DANS L’EAU de Morgane Alvès
Un matin, l’esprit de Joséphine s’emballe lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. En l’absence de son mari, Vincent, en déplacement pour le week-end, son cœur se gonfle de ce bonheur à venir. Elle n’est sûre de rien, se dit qu’il est trop tôt pour se réjouir mais imagine déjà un monde plus grand. Elle attend Vincent, encore et encore le dimanche soir. Il ne rentrera pas.
Sans lui, la jeune femme perd pied. Devant la cruelle synchronisation des événements, elle ne sait plus si elle est prête à accueillir un bébé. Pour la première fois de sa vie, elle choisit l’inconnu et part pour la Bretagne, à Locmariaquer, dans cette vieille maison en ruine que Vincent voulait à tout prix conserver en mémoire de son grand-père. Joséphine s’enfuit, n’emportant rien d’autre que son chat Georges, et laisse à Paris sa vie, son métier, ses amis, espérant trouver face à la mer un nouveau départ.
On est touché par la plume l’auteur.
Des mots pleins de tous les sentiments qui peuvent traverser l'esprit et le cœur de Joséphine. J'ai tout particulièrement aimé les choix de relations que l'autrice a faits. Construire des amitiés au-delà de l'âge et des "codes", c'est rendre le lien encore plus fort. On sent l'attachement, l'affection qui lient ces personnages alors même qu'ils viennent juste de se rencontrer.
Les thèmes de ce livre sont très intéressants, universels et surtout, bien traités. On y parle de deuil, de maternité, de reconstruction, de résilience, de remise en question, d'amour et d'amitié, entre autres. La plume de Morgane Alvès est une très belle découverte, juste et riche.
L’ENFANT DE LA MONTAGNE NOIRE * de Laurent Cabrol
L’auteur nous met directement dès les deux premières pages dans le vif du sujet. Il nous emmène sur l'enquête d'un petit corps d'enfant ligoté, retrouvé dans les débris d'une usine désaffectée qui brula lors d’un terrible orage.
Les cinquante pages suivantes, Laurent Cabrol, originaire du Tarn, y décrit la dure vie des paysans, du travail aux champs avec les aléas du temps, ce terrible vent d’autan qui rend fou les gens. L'auteur nous narre la vie de Mathilde, la mère d'Agnès. Il explique avec précision, les us et coutumes des paysans dans cette région de la Montagne Noire. La vie du village et de leurs habitants seront importantes à connaître pour comprendre l'enquête, qui démarre immédiatement.
Mathilde a épousé François, métayer comme son père. Elle rêvait en se mariant de sortir de sa condition. Il en a été tout autre. Elle se retrouve emprisonnée dans une condition de paysanne qu'elle déteste.
Elle avait seize ans quand elle se marie avec un jeune homme de vingt ans, François. Celui-ci lui promit de réaliser ses rêves de Mathilde, vivre dans l'opulence, mais François aimait tellement sa ferme et ses animaux que Mathilde en devint jalouse.
Mathilde fut enceinte, alors qu'elle ne s'y attendait pas du tout. Elle ne voulait absolument pas de cet enfant. Elle fera tout pour ne pas garder ce bébé, sans succès.
L'arrivée d'Agnès ne remplit absolument pas Mathilde de joie. Elle ne lui apporta aucun amour, alors que François était fou de sa fille. Avec l'arrivée de cette enfant, le rêve et l'avenir de Mathilde étaient loin.
Le jour de la fête du village, Mathilde emmena sa fille avec elle. Elle lui acheta, même, la poupée dont Agnès rêvait. Au retour, elle laissa Agnès sur le chemin des champs, afin que sa fille puisse rejoindre son père. Agnès disparut ce jour-là.
Quand François rentra des champs, celui-ci crut que sa fille était avec sa mère. Mathilde étonnée lui expliqua que l'enfant devait être avec lui. Ils se mirent, aussitôt, à la recherche de leur fille, sans succès. Au village tous cherchèrent Agnès dans les buissons, ravins, fossés, puits et les ruisseaux au pied de la Montagne Noire. L'orage arriva, les recherches s'arrêtèrent, sauf pour François qui continua à battre la campagne en hurlant le nom de sa fille.
Au matin, des gendarmes vinrent leur annoncer l'horrible découverte. Agnès avait péri dans l'incendie de l'usine de laine, non loin de chez eux. Mais ce n'était pas tout, elle avait été ligotée.
Justin Gilles, un journaliste qui connaissait bien la région et les secrets de ses habitants avait participé aux recherches de l'enfant. Il fut présent aussi, lors de la découverte du corps calciné et ligoté. En allant rendre visite à cette famille, il découvrit une femme froide, qui ne comprenait pas pourquoi sa fille était morte.
Les espoirs et les rêves de Mathilde étaient définitivement finis. François, lui, n'arrivait pas à faire le deuil de sa fille, ce qui agaça Mathilde.
L’intrigue est parfois un peu lente. Le roman traîne un peu lorsque plusieurs personnes sont suspectées du meurtre d'Agnès. La justice est aussi perdue que le lecteur.
Ces désagréments sont gommés par une intrigue bien menée, aux personnages épais. L'auteur met très bien en évidence ce que cela fait d'être différent dans une petite communauté. Mathilde ne semblait pas déborder d'amour pour sa fille, elle voulait partir pour la ville, alors, les villageois voient en elle la coupable toute désignée.
Une enfance volée de Jean-Jacques Martial
Au début des années soixante et pendant vingt ans, l’État a déplacé avec constance et méthode des centaines d'enfants réunionnais pour repeupler les campagnes françaises.
Jean-Jacques Martial fut l’un de ces enfants. Arraché à son île à six ans, déplacé de foyers en familles, abusé par son père adoptif, il nous livre ici le témoignage sobre et bouleversant de son enfance volée.
Que peut-on ressentir hormis de la colère et de l'indignation après avoir lu ce livre bouleversant. La France a, disons-le clairement, déporté de très jeunes réunionnais, au moyen de méthodes douteuses et illégales, afin de peupler la Creuse durant les années 60-70. Ces enfants n'étaient pas orphelins
Jean Jacques Martial a terriblement souffert de ce déracinement tout au long de sa vie. Il aurait toutefois connu l'amour d'un couple de vieux fermiers. Il connaîtra avec horreur un père adoptif abusif. Ce viol le marquera à vie. Après des dizaines d'années, il renouera les liens perdus avec sa famille, sa maman qui durant toute une vie supposait que son fils était mort. La DDASS a commis un crime sur ces enfants que rien ne pourra dédommager !
C’est dans cette camionnette que des dames et des messieurs de la DDASS, aidés de gardes champêtres, chargés de surveiller l’île, emmenaient les enfants deux par deux. Ces enfants, on ne les revoyait jamais. J’ai le souvenir de copains disparus d’une heure à l’autre. Qu’avaient-ils fait pour mériter ce châtiment ? Rien du tout, ce n’était que des gosses. Mais voilà, l’Etat Français avait décidé de s’occuper des soi-disant orphelins de la Réunion, de les envoyer en France où ils pourraient suivre des études, et même être adoptés. Le gouvernement espérait ainsi faire deux bonnes actions mais
nous ne mourions pas de faim et nous n’étions pas malades. Alors où était le mal ? Nulle part. Mais il fallait bien un prétexte pour enlever, déporter des enfants réunionnais afin de repeupler la Creuse. Ils ont été pris comme cobayes dans le silence le plus absolu. Tout cela a duré de 1963 à 1978. Cette forme d’esclavage a été initiée par Michel Debré, député de La Réunion. Pourquoi déraciner des enfants ? Pourquoi leur interdire tout contact et tout lien avec leurs familles ?
Le problème, c’est que très vite il n’y eut plus assez d’orphelins. Alors les autorités ont décidé de choisir des enfants qu’elles jugeaient abandonnés. On a profité alors de l’illettrisme des gens pour leur faire signer d’un pouce des actes d’abandon, lorsque ceux-ci n’étaient pas carrément falsifiés. De toute manière, les Réunionnais étaient convaincus qu’ils n’avaient pas le droit de s’opposer à l’autorité.